Alain Pierre - Sitting In Some Café (JPG)
A
Spinach Pie Records/IGLOO
Prendre en main le nouvel album d’Alain Pierre est déjà un voyage artistique et humain. Artistique car les magnifiques photos de Pascal Ducourant accrochent au point de ne pas s’en détacher. Aussi par la lecture du texte de Patrick qui fait d’un café une île, une musique, celle de Joni Mitchell, un parfum de vin blanc et le soleil brûlant de Tunis. Aussi le trait léger de la dessinatrice Leslie Leoni. Des mondes qui ressemblent à l’univers du guitariste, la poésie, l’imaginaire, la sensibilité… Un voyage humain aussi, car sensible Alain Pierre l’est à coup sûr, il suffit de lire sa liste sans fin de remerciements. Aurait-il choisi la guitare pour ce contact direct entre les doigts et les cordes ? Pour l’instrument qu’on tient contre soi, si près du cœur? Tout ce qu’on trouve sur la pochette et dans le livret se trouve avec autant de naturel dans la musique.
« Sitting In Some Café » ce sont des lieux de rencontres décrits avec une guitare tout simplement… Enfin, simplement ? Il faut une sacrée maîtrise de l’instrument pour en sortir une mélodie qui a une âme sans que cela ne sente le travail et la sueur, et Alain Pierre vit son instrument comme si il faisait partie de lui. Alors qu’il est d’usage de parler de chaque morceau séparément – il y en a onze – on a du mal ici à sortir l’une ou l’autre pièce du lot tant l’unité est belle et apaisante.
Bien sûr, il y a quelques références comme une dédicace à Ralph Towner, l’inspirateur de toujours, avec « Toboggans », à Fawzi Chekili et Steve Houben en souvenir d’ « Anfass », sur « Café de Paris, Tunis » qu’Alain Pierre interprète sur une guitare sans frettes qui évoque les sonorités du oud. A Barbara Wiernik, bien sûr, dans le titre éponyme. Au hasard des compositions et des lieux de rencontre, on entend selon l’inspiration d’Alain Pierre une touche de folk, de musique classique, de blues, et pour clôturer ce petit bijou de finesse et de lyrisme, l’apport discret et mystérieux, pleinement dans l’esprit de l’album, du fils Antoine à la caisse claire.
Faut-il dire que, passant de « La Brasserie de l’Union » à « La Brasserie Verschueren » ou au « Petit Lion », c’est un disque qu’on se repasse jusqu’à plus soif…
© Jean-Pierre Goffin