Aki Takase - David Murray: Cherry - Sakura
A
Intakt Records
La pianiste japonaise comme le saxophoniste américain ont une longue expérience du duo complice.
Aki Takase avec Louis Sclavis (album Yokohama), le pianiste Alexander von Schlippenbach (Live in Berlin), le clarinettiste Rudy Mahall (Evergreen), la chanteuse Maria Joao (Looking for love), le saxophoniste Gunther Klatt (Art of duo), le batteur Han Bennink (Two for two), le saxophoniste Daniele D'Agaro (Duo) ou la violoniste Ayumi Paul (Hotel Zauberger).
David Murray, avec le flûtiste James Newton, les batteurs-percussionnistes Kahil El Zahar, Jack DeJohnette ou Milford Graves et surtout en compagnie de pianistes: John Hicks (Sketches of Tokyo), Randy Weston (The Healers), Mal Waldron (Silence) et, par trois fois, Dave Burrell (notamment Windward Passages). Avec Aki Takase, il avait déjà enregistré Valencia en 1997 et, quatre ans plus tôt, Blue Monk: quatre compositions de Thelonious, des compositions originales et un... Jerry Roll Morton.
Après les albums gravés avec les Gwo Ka Masters guadeloupéens, David Murray avait fait un retour en force avec le Power Trio, en compagnie de Geri Allen et Terri Lyne Carrington (concert mémorable au Middelheim), c'est dans cette veine que s'inscrit Cherry - Sakura: un thème de Monk, 4 compositions de la Japonaise, trois du leader du World Saxophone Quartet.
On retrouve toute la volubilité du saxophoniste ténor, sa sensibilité d'écorché vif, cette sonorité très rapidement identifiable grâce à cette parfaite maîtrise de tous les registres, du plus grave ou plus suraigu, une alternance entre sonorité chaude et sonorité rocailleuse vers des envolées free.
Cet album Intakt enregistré en avril de l'année dernière est l'occasion de revisiter l'histoire du jazz: retour à la tradition avec Let's cool one de Monk joué à la clarinette basse sur fond de piano stride ou encore avec ce To A.P. Kern, avec un ténor à la sonorité chaleureuse qui rappelle Coleman Hawkins; un blues en forme de ballade nostalgique (Blues for David); des hymnes proches de l'univers d'Abdullah Ibrahim ou Randy Weston (A long march to freedom, Nobuko), avec des intros empreintes de solennité qui débouchent sur des envolées très libres du saxophone jusqu'à un déchaînement solitaire (Cherry - Sakura); enfin, des tempos survoltés, avec déluges de notes du piano, en empathie avec les envolées du ténor (A very long letter, Stressology).
Un bel exemple de complicité et d'interactivité.
Claude Loxhay