"Tot nu hebben we drie albums van Trio Grande en Rêve d’Eléphant Orchestra met de tweede Michel (Debrulle en Massot) uitgebracht. Alle zes behoren ze tot het sterkste werk in onze catalogus…” Voilà ce que dit Rik Bevernage du label WERF à propos de ces deux groupes issus du Collectif du Lion, l’ASBL fondée voici 25 ans par Michel Debrulle et dont Michel Massot est un des plus fidèles complices.
Et quand on lui fait remarquer que Michel Massot était présent lors de 5 éditions sur 7 de son festival Jazz Brugge, Rik explique : « De enige verklaring is het feit dat Michel « incontournable » is in de Belgische en Europese jazz. Michel Massot is de Belgische muzikant die ik ook het meeste aantref op buitenlandse festivals ».
Un ouvrage collectif évoquera prochainement l’histoire du Collectif du Lion liégeois. Ici Michel Massot évoque ses autres aventures belges et européennes.
Propos recueilli par Claude Loxhay - Photos © Jos L. Knaepen
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Avec Mâäk, tu as enregistré dernièrement « Nine » en quintet, un des meilleurs albums du groupe…
Avec Guillaume Orti (as), Jeroen Van Herzeele (ts) et João Lobo (dm), Laurent Blondiau a trouvé une formule idéale. Et puis, il y a Mik Mâäk avec lequel on est en résidence au Marni.
On est tous compositeurs, je pense que cela fait partie de l’historique du Collectif du Lion : Laurent a joué dans Rêve d’Eléphant Orchestra, il a joué dans « Variations on a Love Supreme », avec Fabrizio Cassol et Kris Defoort qui est venu à Liège au Conservatoire, comme Pierre Bernard ou Fabian Fiorini. Tout cela reste lié à Garrett List, on ne peut pas dissocier toutes ces expériences.
On n’est pas si nombreux que cela à appartenir à cette génération. Maintenant il y a beaucoup de musiciens très inventifs qui ont suivi un enseignement très traditionnel, même si Kris ou Jeroen donnent cours, mais ce n’est pas pour cela qu’ils ne vont pas voir ailleurs.
Dans Rêve d’Eléphant Orchestra, on joue maintenant avec Jean-Paul Estiévenart qui n’est pas passé par le Conservatoire mais qui fait preuve d’un éclectisme étonnant : il joue dans Mik Mâäk, aux côtés de Laurent et de Bart Maris : c’est une équipe qui peut paraître disparate au premier abord mais qui fonctionne parfaitement parce que ces personnalités se rencontrent. Ce sont des trompettistes hors catégorie dans l’improvisation, chacun dans leur domaine. Ils ne jouent pas de la même façon, ne prennent pas les mêmes solos mais sont parfaitement complémentaires.
La particularité de Mik Mâäk, c’est que les musiciens ont un parcours personnel important mais jouent très différemment. Le plus jeune, c’est le clarinettiste Yann Lecollaire. Je ne le connaissais pas. Il est compositeur. Par contre, il y a une filiation avec Guillaume Orti : ils sont du même village en Drôme provençale. Il s’est installé à Bruxelles et Guillaume est connecté à Bruxelles depuis bien longtemps. Maintenant Pascal Rousseau a intégré le groupe, au tuba, à la place de Geoffroy de Masure qui habitait trop loin. Je resterai sur certaines choses comme bassiste mais je remplacerai Guillaume à l’euphonium et au trombone, tandis que Niels van Hertum reste au tuba. Pascal est un phénomène au tuba : il va emmener la formation ailleurs.
Tu poursuis également le trio avec Tuur Florizoone à l’accordéon et Marine Horbaczewski au violoncelle…
Le trio fonctionne très bien. On a une grosse tournée en 2015-2016, avec Claron Mc Fadden qui a fait l’opéra de Kris Defoort et a aussi enregistré « Conversations/Conservations », avec le quatuor à cordes Danel. On a une trentaine de concerts programmés, on va notamment jouer à Flagey. Marine et Tuur sont jeunes mais ça fait déjà huit ans qu’on joue ensemble.
On a déjà enregistré deux albums (« Cinéma Novo », « Ballades éphémères »), un troisième va sortir cette année-ci. Claron est une chanteuse d’opéra réputée mais elle sait se frotter à d’autres sphères (elle s’est notamment produite au festival Jazz Brugge, en 2012, avec le Artvark Saxophone Quartet) : c’est comme cela que Tuur l’a rencontrée. Elle réserve toujours une place pour des projets qui lui tiennent à cœur, elle avait envie de travailler dans une formule légère.
Le thème, c’est les secrets. Les textes seront mis en place par Josse De Pauw qui a déjà travaillé avec Kris Defoort. On retrouve toujours la même famille.
Tu as aussi un nouveau projet avec Babelouze…
Dans Babelouze, je suis à la fois le leader et le professeur de pratiquement tout le monde, soit au Conservatoire de Liège, soit à l’Académie d’Etterbeek, c’est une fanfare amateur mais avec une trentaine de bons musiciens.
On a enregistré dernièrement un deuxième album qui va sortir prochainement. On a utilisé les voix, du clapping et il y a en plus une guitare électrique : ce sera étonnant. On est arrivé à un résultat exceptionnel. Tout le monde s’est impliqué à fond. On a enregistré dans de très bonnes conditions au studio Jet à Bruxelles où on a enregistré une partie des albums de Rêve d’Eléphant.
Par ailleurs, avec mes élèves de Liège, nous allons participer, du 6 au 9 mai, au Printemps du Conservatoire initié l’an dernier par Steve Houben, au Théâtre de Liège.
Tu as eu de nombreux contacts avec des musiciens français…
Oui, d’abord avec le Megaoctet d’Andy Emler (album Mega Octet de 1990) qui m’a créé beaucoup d’ouvertures, je suis toujours connecté avec le groupe. Laurent Blondiau en fait partie et je fais des remplacements.
J'ai travaillé avec Tous Dehors (albums « Dans la rue » et « Dentiste »), avec David Chevallier (albums « Pyromanes » et « The rest is silence », il a participé également à la création de « Is that pop music ? » avec David Linx mais n’a pas pu participer à l’enregistrement de l’album : il était alors en Afrique), avec Claude Barthélemy, avec les Zhivaros en compagnie d’Henri Texier, avec Marc Ducret assez bien, pour un disque (« Qui parle ? ») et d’autres projets. Pour le moment, il y a moins de projets avec la France en fonction du contexte économique : les Français font grise mine.
Un projet intéressant, c’est le « Vivaldi Universel Saison V » de Christophe Monniot…
C’est un très beau projet, on a encore joué l’année passée. C’est un casting d’enfer avec Christophe au saxophone, Emil Spanyi aux claviers, Eric Echampard à la batterie, un musicien que je connaissais du Megaoctet et qui joue aussi avec Marc Ducret et puis un excellent quatuor de saxophones de Paris (le quatuor Arcanes).
On a joué longtemps ce projet, notamment à Bruges en 2012. Il a intéressé beaucoup de monde, pour la musique mais aussi pour son message sur le changement climatique. Christophe est compositeur, il a écrit d’excellentes partitions. Moi, j’avais un rôle de bassiste mais aussi d’improvisateur.
Tu as aussi souvent remplacé Michel Godard …
Oui, auprès de Rabih Abou Khalil (oud) mais aussi dans l’orchestre de Klaus König : je l’ai d’abord remplacé occasionnellement puis je lui ai succédé pour toute une tournée et pour enregistrer (« At the end of the universe » en 1991, avec Louis Sclavis, Kenny Wheeler, Jane Ira Bloom, Simon Nabatov, Tom Rainey, …).
J’ai aussi remplacé, une fois ou deux, Bob Stewart dans le quartet de Wolfgang Pushnig (notamment lors d’un festival Jazz au Château à Oupeye).
Malgré ces multiples aventures, tu restes fidèle au Collectif du Lion…
Je joue dans pas mal de groupes en France mais je reste fidèle aux projets de Michel Debrulle, parce que cela fait trente ans qu’on travaille ensemble : cela fait un sacré bout de chemin. Le 13 juin 2015, à la salle Reflektor de la Cité Miroir à Liège, on va présenter le nouvel album de Rêve d’Eléphant Orchestra, « Odyssée 14 », un projet que l’on reprendra ensuite en septembre dans le cadre d’Ars Musica.
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