Tricollectif : Préparez-vous à vos prochaines Soirées du Tricot...

Le collectif :

Beaucoup de critiques de l'Hexagone, j'en suis sûr, seraient prêts à suivre l'adage de Villon : « Il n'est bon bec (de saxophone s'entend) que de Paris », comme si la scène du jazz français se concentrait uniquement dans la Ville Lumière. L'association Tricollectif, établie au 108 de la rue de Bourgogne à Orléans, démontre le contraire.
Fondé au printemps 2012, ce collectif rassemble huit fortes personnalités. D'une part, six musiciens qui partagent leur vie entre Orléans et Paris, soit les frère Ceccaldi (Théo le violoniste et Valentin le violoncelliste), les saxophonistes Gabriel Lemaire et Quentin Biardeau, le pianiste Roberto Negro, le guitariste Guillaume Aknine et les batteurs Adrien Chennebault et Florian Satche. D'autre part, Jean-Paul Retel, graphiste, photographe et vidéaste et Robin Mercier, « la plume », auteur des textes du site internet et récitant pour le projet Atomik Spoutnik.
Ces différents musiciens se croisent au sein d’une vingtaine de formations différentes, du simple duo (Durio Zibethinus) au big band (Grand Orchestre du Tricot), en multipliant les invitations (Joëlle Léandre, Bart Maris, Christophe Monniot, Samuel Blaser ou Alexandra Grimal) mais comme le proclame une de leurs videos, ces différentes formations partagent en commun une même conception esthétique : « une forme hybride, une matière écrite autour de laquelle on improvise une musique de l'espace ».
Tricollectif organise son propre festival, « Les Soirées du Tricot », tant au Théâtre d’Orléans qu’à La Générale à Paris, a participé au Jazzdor de Strasbourg et une de ses formations, Walabix, s’est déjà produite au club Werf de Bruges.
Par ailleurs, tout en collaborant avec différents labels (Ayler Records, BeCoq Records, ONJAZZ Fabric, El Negocito), nos Orléanais ont créé leur propre label, TRICO, qui possède déjà six albums à son actif.
Autre constante, une certaine dose d’humour et de dérision, ce qui se marque dans le nom de certaines formations (Trio à lunettes, Orchestre du Tricot), certains titres d’albums (Petite Moutarde, Poisson frais) ou de compositions (Nous n’irons pas en disco club ce soir, Les sept nains) mais aussi
dans la présentation des musiciens sur le site du collectif (http://www.tricollectif.fr).

 

Les musiciens :

Théo Ceccaldi (violon, violon alto) : « l’éminence grise qui se cache derrière les Dany’s Jam Sessions…on y voit passer, chaque semaine, la crème des musiciens pour qui l’argent ne fait pas le bonheur ». Premier Prix de violon classique en 2004, Théo Ceccaldi jette un vrai tremplin entre musique de chambre et improvisation au travers du trio avec lequel il remporte le Tremplin Orléans Jazz en 2011 et qui enregistre avec Joëlle Léandre en invitée. Membre fondateur de Tricollectif, il fait partie aussi du quartet La Scala, du quintet Toons, de Loving Suite pour Birdy So avec Elise Caron en invitée et de l’Orchestre du Tricot. Il a rejoint l’actuel Orchestre National de Jazz sous la direction d’Olivier Benoît (albums Europa Paris et Europa Berlin) mais est aussi membre du quatuor IXI du violoniste Régis Huby et multiplie les rencontres : avec Alexandra Grimal (album « Petite Moutarde ») ou, en compagnie de son frère Valentin, avec les Portugais Luis Valente (tp) et Marco Franco (dm) pour l’album « Deux Maisons » (label Clean Feed). Il a été consacré « Révélation Jazz 2014 » par Jazz Magazine et est considéré comme l’une des grandes révélations de la scène hexagonale contemporaine.

Valentin Ceccaldi (violoncelle) : « Lors de sa profession de foi, il avait promis à ses parents qu’il épouserait une disquaire et qu’il sauverait l’industrie du disque. Malheureusement pour lui, l’institution du mariage a du plomb dans l’aile ». Il a étudié le violoncelle avec Joëlle Léandre, Vincent Courtois et Florian Lauridon (professeur au Conservatoire d’Aubervilliers). Il fait partie du trio de son frère Théo, de La Scala, Toons, du duo Durio Zibethinus et du quartet Walabix. Il a fondé un trio avec notre compatriote Manu Hermia et Sylvain Darrifourcq, le batteur du quartet d’Emile Parisien. Musicien inventif, il est aussi habile à l’archet qu’en pizzicato.

Quentin Biardeau (ss, as, ts, cl, fl) : « Il a de grands talents d’humoriste…En toutes circonstances, vernissage guindé ou banquet champêtre, il fait preuve de remarquables dispositions pour poser ce qu’il appelle la bonne ambi ». Il a poursuivi ses études au Conservatoire d’Orléans puis à Paris avec le saxophoniste Jean-Charles Richard (un musicien de formation classique mais qui s’est aussi formé au jazz en compagnie de Dave Liebman). Il fait partie de Walabix, du quatuor Machaut, du duo Durio Zibethinus, du Trio à lunettes et de l’Orchestre du Tricot.

Gabriel Lemaire (as, bs, cl) : « il représente une certaine idée de la sagesse au sein du collectif ». Il a étudié le saxophone et la clarinette, lui aussi, avec Jean-Charles Richard mais aussi Louis Sclavis et Guillaume Orti. Il fait partie de Walabix, Toons, Marcel et Solange, du quatuor Machaut, du duo Lemaire-Arques comme de l’Orchestre du Tricot. Il a aussi joué avec le pianiste hongrois Stevan Kovacs Tickmayer.

Guillaume Aknine (g) : Il a poursuivi ses études au Conservatoire de Paris. Il fait partie du trio de Théo Ceccaldi depuis 2011 et du quintet Toons mais il participe aussi à des groupes de rock.

Roberto Negro (p) : Né à Turin, il a poursuivi ses études au Conservatoire de Chambéry, après avoir découvert Michel Petrucciani, puis au Conservatoire de Paris et a eu cours avec Benoît Delbecq. Il fait partie du quartet La Scala, de Loving Suite pour Birdy avec la vocaliste Elise Caron, de Kimono avec le saxophoniste Christophe Monniot, d’un duo avec Emile Parisien (ss), de Garibaldi Plop avec Valentin Ceccaldi et Sylvain Darrifourcq et de l’Orchestre du Tricot.

Adrien Chennebault (dm) : Il a fait partie du Centre des Musiques Didier Lockwood où il a étudié la batterie avec notre compatriote André Charlier et avec Frank Agulhon, le batteur attitré d’Eric Legnini. Il fait partie de Walabix, La Scala, de Kimono avec Christophe Monniot et du Roberto Negro Trio.

Florian Satche (dm) : Il fait partie du trio Marcel et Solange, de Toons, de Petite Moutarde, du tentet de Joëlle Léandre et de l’Orchestre du Tricot. Il a obtenu le prix du meilleur instrumentiste au Tremplin Jazz d’Avignon. Il se produit régulièrement avec Joëlle Léandre (cb), Samuel Blaser (tb), Christophe Monniot (sax) ou Jean-Luc Cappozzo (tp).

 

Les formations – les albums :

La Scala : un quartet au sein duquel on retrouve Théo Ceccaldi (violon, alto), Roberto Negro (p), Valentin Ceccaldi (violoncelle) et Adrien Chennebault (percussions). A son actif, l’album « La Scala » (Ayler Records) enregistré en 2013. Sept compositions originales : trois du pianiste (Zapoï, Free Dots to Pax Part 1, Part 2) une du violoniste (Deuxième Service) et trois compositions-improvisations collectives (Enjambée, Coucou hibou et Nous n’irons pas en disco club ce soir) : une manière brillante de jeter des ponts entre musique de chambre d’inspiration classique et improvisation échevelée. Théo Ceccaldi impose sa sonorité limpide et tranchante au violon acoustique et le piano s’élance dans de superbes envolées.

 

Walabix : un quartet qui réunit Quentin Biardeau (saxophones soprano et ténor), Gabriel Lemaire (clarinette, saxophones alto et baryton), Valentin Ceccaldi (violoncelle) et Adrien Chennebault (batterie). Après un premier album en quartet (« Nus » en 2012, TRICO 01), les quatre complices accueillent le trompettiste Bart Maris pour un album enregistré au club Le Petit Faucheux de Tours en 2014, en coproduction avec le label belge El Negocito, une référence en matière de jazz libertaire. Sept compositions-improvisations collectives. « Walabix est un vrai groupe où chaque musicien a un discours clair et où l’interaction est au service de formes diversifiées dirigeant les improvisations sans les enfermer » confie le trompettiste de Moker et du Flat Earth Society. Le poly-instrumentisme du quintet offre une large palette de combinaisons sonores : soprano, baryton, trompette et pizzicati du violoncelle sur Ingram, trompette, saxophones alto et ténor ainsi que violoncelle joué à l’archet (Iciba), trompette piccolo sur fond sonore bruitiste (Hotclu). Mais aussi un large éventail de climats : déchaînement free (Mat), brusque accélération du tempo vers des envolées libertaires (Ingram), retour vers une tradition plus volontiers post-bop (Astrol) et vers des atmosphères apaisées (Anve) ou séquence bruitiste (Hotclu).

Toons : un quintet qui réunit Théo Ceccaldi (violon, alto), Gabriel Lemaire (saxophones alto et baryton), Guillaume Atkine (guitare électrique), Valentin Ceccaldi (violoncelle et horizoncelle, sorte de violoncelle joué à l’horizontale) et Florian Satche (batterie). L’album « Les 7 nains » (TRICO 02) voit défiler, sans discontinuité, les « portraits » de Timide, Atchoum, Joyeux, Simplet, Grincheux, Prof et Dormeur. Propulsé par la batterie de Satche, violon, saxophones, guitare électrique et violoncelle souvent joué en pizzicato s’entremêlent avec vigueur. L’occasion aussi pour Théo de se lancer dans d’incisifs solos.

Trio à lunettes : un trio qui réunit Quentin Biardeau (saxophones), Léo Jassef (un pianiste formé au Conservatoire de Paris) et Théo Lanau (un batteur formé au Conservatoire de Paris et de Bruxelles auprès de Stéphane Galland). Leur album (TRICO 03) rassemble des compositions du pianiste (Les yeux du bouillon, Dream 500, Gégène et Cosmetic Bolivar), du saxophoniste (Où là comment ?) et du batteur (Arette). Sur une vague de notes de piano, un ténor fébrile (Les yeux du bouillon) ou un soprano incisif (Dream 500) s’élancent impétueusement.

Marcel et Solange : un trio qui réunit Gabriel Lemaire (saxophones, clarinettes), Valentin Ceccaldi (violoncelle, horizoncelle, melodica) et Florian Satche (batterie). Sur l’album « Tomate et parapluie » enregistré en décembre 2013 (TRICO 04), les trois complices accueillent le tromboniste suisse Samuel Blaser, un musicien qui a notamment enregistré avec Marc Ducret (g), Malcolm Braff (p), Pierre Favre (dm) ou Paul Motian (dm). L’album, sacré « Album Choc » par JazzMag, propose une large palette de couleurs sonores : mélodica (Pépé) et violoncelle de Valentin joué en pizzicato (Marceline, Petite biche) ou à l’archet (Paquebot, Borsch), saxophone baryton (Paquebot, Petite amie), alto (Marceline), clarinette (Flamand rouge, Méandre) ou clarinette basse de Gabriel (Petite biche), trombone bouché (Tomate et parapluie) ou non (Pépé, Paquebot) de Samuel Blaser, le tout sur l’impulsion galvanisante de Florian Satche. Les atmosphères vous emmènent d’une valse nostalgique (Marceline) au vrombissement tempétueux d’un Paquebot majestueux.

Lemaire – Arques : le duo réunit le saxophoniste et clarinettiste Gabriel Lemaire et le pianiste Yves Arques formé au Conservatoire de Chambéry avec Pierre Drevet (trompettiste du BJO) puis au Conservatoire de Paris avec Emil Spanyi, pianiste attitré de Christophe Monniot. L’album « De l’eau la nuit » a été enregistré en octobre 2014 (TRICO 05). Une musique expérimentale, autour de séquences volontiers bruitistes laissant une large place à l’improvisation et aux silences : bruit de clés de saxophone, souffle sourd d’un baryton, jeu très percussif du pianiste.

Durio Zibethinus : ce duo improbable réunit Quentin Biardeau (ss, as, ts, cl, fl, perc, Casiophone et magnéto cassette) et Valentin Ceccaldi (violoncelle, grosse caisse préparée, piano à lames, dan-bau, soit une cithare à une seule corde et tube PVC). L’album « Poisson frais » (Be Coq 02) rassemble une série de compositions-improvisations au cours desquelles vont se succéder duo entre saxophone ténor et violoncelle joué d’abord à l’archet puis en pizzicato (Carpe), séquence bruitiste (Porte-épée nain), dialogue entre saxophone alto, grosse caisse et piano à lames (Gardon), entre clarinette et archet (silure-spatule esturgeon) ou belle séquence à l’archet (Amie chauve).

Théo Ceccaldi « Petite Moutarde » (ONJazz Records). Le quartet, invité par le dispositif Jazz Fabric de l’Association pour le Jazz en Orchestre National, réunit Théo Ceccaldi (violon, alto), Alexandra Grimal (ts, ss, sopranino et voix), Ivan Gelugne (le contrebassiste du quartet d’Emile Parisien) et Florian Satche (batterie). Né d’une résidence à l’Atelier du Plateau avec pour thème central « Les réalisateurs qui ont filmé Paris », le projet de Théo Ceccaldi a été inspiré par le film « Entracte » de René Clair : huit compositons originales, de Petit citron vert à Petit Gingembre, qui parviennent à concilier fougue, lyrisme et originalité formelle. Le polyinstrumentisme d’Alexandra Grimal offre une large palette de timbres acoustiques : de beaux accords entre, d’une part, la grande pureté de sonorité du violon et violon alto de Théo et, d’autre part, le sopranino (Petit wasabi, Petit citron vert), le ténor (Petit raifort, Petit poivre de Sichuan ou Petite harissa), le soprano (Petit piment d’Espelette, Petit chipotle) ou la voix (Petit gingembre) d’Alexandra Grimal. Les climats de cette « Petite moutarde » varient également, entre déchaînement free de Petit Wasabi ou Petit piment d’Espelette et apaisement de Petit raifort ou Petit poivre de Sichuan.

« Royaume du Jouir » : l’anthologie de 14 titres présente plusieurs extraits des albums cités ci-dessus mais aussi d’autres rencontres et d’autres formations : le trio de Théo Ceccaldi avec Joëlle Léandre en invitée, l’Orchestre du Tricot dans son « Tribute to Lucienne Boyer » avec Angela Flahaut au chant et Fidel Fourneyron de l’ONJ au trombone, Kimono qui rassemble Roberto Negro (p), Christophe Monniot (sax), Stephane Decolly (cb) et Adrien Chennebault (dm), le quatuor de saxophones Machaut autour de compositions de Guillaume de Machaut, In Love with (trio qui rassemble les frères Ceccaldi et Sylvain Darrifourcq à la batterie), MilesDavisQuintet (trio réunissant Valentin Ceccaldi, le pianiste Xavier Camarasa et le batteur Sylvain Darrifourcq) et Mise en Boîte (les anches de Quentin Biardeau aux prises avec l’ordinateur de Simon Couratier). L’occasion de découvrir les nombreuses formations gravitant autour du collectif de base.

 

Concerts :
Petite moutarde :
22 octobre : Rencontres des Musiques improvisées d’Orléans
4 novembre : Le Pannonica de Nantes

Texte: Claude Loxhay
Crédits photos :
Tricollectif photo de classe et portraits: Jean-Pascal Retel
La Scala: Frédéric Netter

Article publié sur Jazzaround


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